(Français — Anglais)

Allan Edgar Poe
(1809-1849)
49ko











Take this kiss upon the brow!
And, in parting from you now,
Thus much let me avow_
You are not wrong, who deem...

A dream within a dream

Take this kiss upon the brow!
And, in parting from you now,
Thus much let me avow_
You are not wrong, who deem
That my days have been a dream;
Yet if Hope has flown away
In a night, or in a day,
In a vision, or in none,
Is it therefore the less GONE?
ALL that we see or seem
Is but a dream within a dream.

I stand amid the roar
Of a surf-tormented shore,
And I hold within my hand
Grains of the golden sand_
How few ! yet how they creep
Through my fingers to the deep,
While I weep_while I weep!
O God! Can I not grasp
Them with a tighter clasp?
O God! Can I not save
ONE from the pitiless wave?
Is all that we see or seem
But a dream within a dream?

Edgar Allan Poe

Un rêve dans un rêve

Reçois ce baiser sur le front!
Et, puisque que c'est l'heure de te quitter
Alors c'est bien haut que j'avoue
Tu n'as pas tort, toi qui juges
Que mes jours ont été un rêve;
Et si l'Espoir s'est enfui
Pendant la nuit ou pendant le jour
Dans une vision ou dans aucune,
Pour autant s'en est-il moins allé?
TOUT ce que nous voyons ou paraissons
N'est qu'un rêve dans un rêve.

Je me tiens au coeur rugissant
D'une grève que les brisants tourmentent,
Et je tiens dans la main
Des grains du sable d'or
Bien peu! et encore comme ils se défilent
A travers mes doigts vers l'abîme
Pendant que je pleure_pendant que je pleure!
O Dieu! Que ne les puis-je étreindre
D'une poigne plus ferme?
O Dieu! Que n'en puis-je sauver
UN de la houle sans pitié?
TOUT ce que nous voyons ou paraissons n'est-il
Qu'un rêve dans un rêve?

Traduit par: Gilles de Seze



Annabel Lee

It was many and many a year ago,
In a kingdom by the sea,
That a maiden there lived whom you may know
By the name of Annabel Lee;
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me.

I was a child and she was a child,
In this kingdom by the sea,
But we loved with a love that was more than love,
I and my Annabel Lee;
With a love that the winged seraphs of heaven
Coveted her and me.

And this was the reason that, long ago,
In this kingdom by the sea,
A wind blew out of a cloud, chilling
My beautiful Annabel Lee;
So that her highborn kinsmen came
And bore her away from me,
To shut her up in a sepulchre
In this kingdom by the sea.

The angels, not half so happy in heaven,
Went envying her and me;
Yes, that was the reason (as all men know,
In this kingdom by the sea)
That the wind came out of the cloud by night,
Chilling and killing my Annabel Lee.

But our love it was stronger by far than the love
Of those who were older than we,
Of many far wiser than we;
And neither the angels in heaven above,
Nor the demons down under the sea,
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful Annabel Lee.

For the moon never beams, without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee;
And the stars never rise, but I feel the bright eyes
Of the beautiful Annabel Lee;
And so, all the night-tide, I lie down by the side
Of my darling, - my darling,- my life and my bride,
In her sepulchre there by the sea,
In her tomb by the sounding sea.

Edgar Allan Poe

Annabel Lee

C'était il y a bien des années
Dans ce royaume près de la mer
Qu'une jeune fille habitait là, que vous connaissez peut-être
Sous le nom d'Annabel Lee;
Et cette jeune fille elle ne vivait sans autre pensée
Que d'aimer et d'être aimée de moi.

J'étais un enfant, et elle était un enfant,
Dans ce royaume près de la mer,
Mais nous aimions d'un amour qui était plus que l'amour,
Moi et mon Annabel Lee,
D'un amour tel que les ailés séraphins au ciel
Nous le convoitaient, elle et moi.

Et ce fut la raison pour laquelle, il y a longtemps,
Dans ce royaume sur la mer,
Un vent souffla d'un nuage, glaçant
Ma belle Annabel Lee,
De sorte que ses proches de haut lignage vinrent
Et la portèrent loin de moi,
L'enfermer dans une sépulture
Dans ce royaume près de la mer.

Les anges, pas à moitié aussi heureux au ciel,
En vinrent à nous envier, elle et moi _
Oui! cela fut la raison (comme tous les hommes le savent
Dans ce royaume près de la mer)
Pour laquelle un vent éclata d'un nuage une nuit,
Glaçant et tuant mon Annabel Lee.

Mais notre amour il était de loin plus fort que l'amour
De ceux qui étaient plus âgés que nous,
de ceux nombreux, plus sages, et de loin, que nous
Et ni les anges au ciel là-haut
Ni les démons en-bas sous la mer
Ne pourront jamais dissocier mon âme de l'âme
De la belle Annabel Lee.

Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des rêves
De la belle Annabel Lee,
Et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les yeux brillants
De la belle Annabel Lee.
Et ainsi, durant toute la marée de la nuit, je me tiens couché au côté
De ma chérie_ma chérie_ma vie et mon épouse,
Dans sa sépulture, là, près de la mer_
Dans sa tombe près de la mer sonore.

Traduit par: Gilles de Seze



Song

I saw thee on thy bridal day_
When a burning blush came o'er thee,
Though happiness around thee lay,
The world all love before thee:

And in time eye a kindling light
(Whatever it might be)
Was all on Earth my aching sight
Of Loveliness could see.

That blush, perhaps, was maiden shame_
As such it well may pass_
Though its glow hath raised a fiercer flame
In the breast of him, alas!

Who saw thee on that bridal day,
When that deep blush WOULD come o'er thee,
Though happiness around thee lay,
The world all love before thee.

Edgar Allan Poe

Chanson

Je t'ai vue en la journée de tes noces
lorsqu’une rougeur brûlante vint se poser sur toi,
alors même que tu étais de bonheur environnée,
le monde tout amour devant toi:

Et dans ton oeil un brandon illuminé
(la cause difficilement imaginable)
était tout sur Terre ce que ma vue chagrinée
pouvait voir de l'Adorable.

Cette rougeur, peut-être, était-elle confusion
_De fille_ comme telle il se peut bien qu'elle passe_
Bien que son rougeoiement eût soufflé combustion
plus ardente dans sa poitrine à lui, hélas!

Qui te vit en cette journée de noces,
lorsque cette vive rougeur vint se poser sur toi,
alors même que tu étais de bonheur environnée,
le monde tout amour devant toi. Traduit par: Gilles de Seze

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Art work: Annabel Lee (1871)by James Abbott McNeill Whistler (1834-1903), American artist

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