(Français — Anglais)

Guillaume Apollinaire
(1880-1918)


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Liste des poèmes

Le voyageur - The Traveller
Fenêtres - The Windows
Les colchiques - Meadow saffrons
Signe (Alcools) - Sign
Clotilde (Alcools)
La Chanson du Mal-aimé (extrait) - The song of the poorly-loved
Le Pont Mirabeau - Le Pont Mirabeau

***

Le voyageur

Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant

La vie est variable aussi bien que l'Euripe

Tu regardais un banc de nuages descendre
Avec le paquebot orphelin vers les fièvres futures
Et de tous ces regrets de tous ces repentirs
                    Te souviens-tu

Vagues poisons arqués fleurs surmarines
Une nuit c'était la mer
Et les fleuves s'y répandaient

Je m'en souviens je m'en souviens encore

Un soir je descendis dans une auberge triste
Auprès de Luxembourg
Dans le fond de la sale il s'envolait un Christ
Quelqu'un avait un furet
Un autre un hérisson
L'on jouait aux cartes
Et toi tu m'avais oublié

Te souviens-tu du long orphelinat des gares
Nous traversâmes des villes qui tout le jour tournaient
Et vomissaient la nuit le soleil des journées
Ô matelots ô femmes sombres et vous mes compagnons
Souvenez-vous en

Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés
Deux matelots qui ne s'étaient jamais parlé
Le plus jeune en mourant tomba sur le coté

Ô vous chers compagnons
Sonneries électriques des gares chants des moissonneuses
Traîneau d'un boucher régiment des rues sans nombre
Cavalerie des ponts nuits livides de l'alcool
Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles

Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages

Les cyprès projetaient sous la lune leurs ombres
J'écoutais cette nuit au déclin de l'été
Un oiseau langoureux et toujours irrité
Et le bruit éternel d'un fleuve large et sombre

Mais tandis que mourants roulaient vers l'estuaire
Tous les regards tous les regards de tous les yeux
Les bords étaient déserts herbus silencieux
Et la montagne a l'autre rive était très claire

Alors sans bruit sans qu'on put voir rien de vivant
Contre le mont passèrent des ombres vivaces
De profil ou soudain tournant leurs vagues faces
Et tenant l'ombre de leurs lances en avant

Les ombres contre le mont perpendiculaire
Grandissaient ou parfois s'abaissaient brusquement
Et ces ombres barbues pleuraient humainement
En glissant pas à pas sur la montagne Claire

Qui donc reconnais-tu sur ces vieilles photographies
Te souviens-tu du jour ou une abeille tomba dans le feu
C'était tu t'en souviens à la fin de l'été
Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés
L'aîné portait au cou une chaîne de fer
Le plus jeune mettait ses cheveux blonds en tresse

Ouvrez-moi cette porte ou je frappe en pleurant

La vie est variable aussi bien que l'Euripe

Apollinaire

***

The Traveller

Open that door I knock crying

Life is variable as well as Euripus

You were gazing at a cloudbank going down
With the orphan liner to future fever
And all the regrets and all the repentances
Do you remember

Vague arched fishes surmarine flowers
One night it was the sea
And rivers fled to it

I remember I remember

One evening I put up at a gloomy inn
Near Luxembourg-City
At the back of the room a Christ was flying away
Someone had a ferret
An other a hedgehog
Cards were played there
And you you had forgotten me

Do you remember of the stations the long orphanage
We went across towns that all the day were going-round
And on night were vomiting the days' sun
O seamen o dark women and you my companions
Remember it

Two seamen who never leaved each other
Two seamen who never spoke to each other
The younger when dying felt down sideway

O you dear companions
Electric rings of stations songs of harvesters
Sledge of a butcher regiment of countless streets
Bridges' cavalry livid nights of alcohol
Cities I saw they had mad lives

Do you remember the suburbs and the doleful landscapes' herd

Cypresses were graphing their shadows under the moon
I lessened to the night as summer was setting
A languorous and ever upset bird
And the perpetual noise of a wide and dark river

While yet dying were rolling to estuary
The entire eye the entire eye of all the eyes
Deserted grassy and silent were sides
And the mountain over the opposite bank was very clear

Then silent with no life around
Vivid shades passed by against the mount
In profile or suddenly turning their vague faces
And holding forward the shadow of their spears

Shadows against the perpendicular mount
Were widening or sometimes abruptly sloped down
And the bearded shadows were crying with a human tune
While step by step sliding along the clear mountain

Who then do you recognize on those old photography
Do you remember the day when a bee fell down in the fire
It was you remember at the end of summer
Two seamen who never leaved each other
The eldest was wearing an iron chain
The younger was making plaits with his blond hair

Open that door I knock crying

Life is variable as well as Euripus

Translated by Gilles de Seze

***

Les Fenêtres

Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forets natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile
Nous l'enverrons en message téléphonique
Traumatisme géant
Il fait couler les yeux
Voila une jolie fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bigorneaux Lotte multiples Soleils et l'Oursin du couchant
Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Caresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marronnes
Et l'oie oua-oua trompette au nord
Où les chasseurs de ratons
Raclent les pelleteries
Étincelant diamant
Vancouver
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l'hiver
Ô Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New York et les Antilles
La fenêtre s'ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière

Guillaume Apollinaire: Ondes

***

The Windows

From red to green all the yellow is dying
When macaws in native forests are singing
Pihis’ giblets
There is a poem to write about the single-wing bird
We will send it by telephoned message
Gigantic traumatism
It is eyes watering
There is a pretty young girl among young Turinaise girls
The poor young man blew his nose in his white tie
You will raise up the curtain
And now there is the window opening
Spiders when hands were spinning the light
Beauty paleness unfathomable purples
We shall vainly try to get some rest
We shall start at midnight
When one has time one has freedom
Winkles Monkfish multiple Suns and the Sunset’s Sea Urchin
An old pair of yellow shoes in front of the window
Towers
The Towers they are the streets
Wells
Wells they are the squares
Wells
Hollow trees shelling the vagrant Mulatto Women
Male Chabins are singing tunes to death
To the maroon female Chabins
Then the go’gooz goose is trumpeting in the north
Where raccoon-hunters
Are scraping off the fur dressing tools
Twinkling diamonds
Vancouver
Where white with snow and nighty lights the train
is flying away from winter
O Paris
From red to green all the yellow is dying
Paris Vancouver Hyères Maintenon New York and the West Indies
The window opens as an orange
Light’s beautiful fruit

Translated by Gilles de Seze

***

Les colchiques

Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire

***

Meadow saffrons

The meadow is venomous but pretty in autumn
Cows grazing there
Slowly self poison
The crocus of weary lid and lilac colour
Flowers there your eyes are like this very flower
Bluish purple as their lids and as the autumn
And my life for your eyes slowly self poisons

Out of school making dims come the loud kids
Wearing aprons playing mouth organs
They pick the crocuses that are like mothers
Their daughter's daughters and have the colour of your eyelids
Blinking as flowers blink with mad a wind

The cowherd very softly sings
As slow and lowing The cows abandon
Forever the large meadow the autumn flowered wrong

Translated by Gilles de Seze

***

Signe (Alcools)

Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs

Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

Guillaume Apollinaire

***

Sign

Fall's Head of Sign dominates me
Therefore I hate flowers I like fruits
I regret every kisses I give
As a shacked walnut tells the wind its grieves

My mental season o my perpetual Fall
Hands of loving women of yore in drifts over
your soil are laying
A spouse follows me _my shadow _fatal
Doves to night take their last wing

Translated by Gilles de Seze

***

Clotilde (Alcools)

L'anèmone et l'ancolie
Ont, poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l'amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rends sombres
Avec elles disparaîtra

Les déïtés des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe, il faut que tu poursuive
Cette belle ombre que tu veux.

Guillaume Apollinaire

***

Clotilde (Alcools)

Anemone and columbine
Have sprouted in the garden
Where melancholy is sleeping in
Between love and disdain

Here also our shadows come in
Away night will clear
Sun which makes them darkening
With them will disappear

The deities of spring water
Let their hair free running
You will pursue as got over
The fair shade you are wanting

Translated by Gilles de Seze

***

La Chanson du Mal-aimé (extrait)

       à Paul Léautaud.

       Et je chantais cette romance
       En 1903 sans savoir
       Que mon amour à la semblance
       Du beau Phénix s'il meurt un soir
       Le matin voit sa renaissance.

Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique

Au tournant d'une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C'était son regard d'inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d'une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l'amour même

Lorsqu'il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d'un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu'il revînt

L'époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D'attente et d'amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle

J'ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux

Regrets sur quoi l'enfer se fonde
Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre

J'ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisés

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s'éloigne
Avec celle que j'ai perdue
L'année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses

Je me souviens d'une autre année
C'était l'aube d'un jour d'avril
J'ai chanté ma joie bien-aimée
Chanté l'amour à voix virile
Au moment d'amour de l'année

.............*................

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses

Les démons du hasard selon
Le chant du firmament nous mènent
A sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons

Destins destins impénétrables
Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l'histoire accable

Luitpold le vieux prince régent
Tuteur de deux royautés folles
Sanglote-t-il en y songeant
Quand vacillent les lucioles
Mouches dorées de la Saint-Jean

Près d'un château sans châtelaine
La barque aux barcarols chantants
Sur un lac blanc et sous l'haleine
Des vents qui tremblent au printemps
Voguait cygne mourant sirène

Un jour le roi dans l'eau d'argent
Se noya puis la bouche ouverte
Il s'en revint en surnageant
Sur la rive dormir inerte
Face tournée au ciel changeant

Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le coeur d'y mourir

Les dimanches s'y éternisent
Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris
Penchent comme la tour de Pise

Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines

Les cafés gonflés de fumée
Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée

Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
[Extrait de La Chanson du Mal Aimé]

***

The song of the poorly-loved

       to Paul Léautaud.

       I used to sing this romance
       In 1903 with no awareness
       That my love had the like
       Of fair Phoenix if one night he dies
       Morn sees his birth again

On one misty evening in London
A lout guy who looked like
My love came up to me
And the glance he threw me as we passed
Made me lower my eye in shame

I followed this bad boy
Who whistled- his hands in his pockets-
We looked among the buildings
Like opened water of the Red sea
He the Hebrews I Pharaoh

May all those waves of brick wash down
If you were not beloved
I am the Egyptian king
His sister-wife his army
If you are not my only love

At the crossing of a street burning
From all the fires of its facades
Wounds of a bloody fog
At the facades' laments
A woman who looked like him

It was her inhuman glance
The scar upon her naked neck
Came tipsy from a tavern
just at the moment I recognised
the deep falsehood of love

When wise Ulysses at last
Came back in his homeland
His aging dog remembered him
By a smooth thickly rug
His wife was waiting for his return

The Sakuntala's * royal husband
Tired of victory rejoiced
When he found her back paler
Misty eyed from waiting and love
Caressing her male gazelle

I had in mind these happy kings
When the false love and the one
With whom I am still in love
Jostling their unfaithful shadows
Brought me to such unhappiness

Regrets on which hell is founded
Might a sky of oblivion open to my wishes
For her kiss all worldly kings
Would die poor famous ones
For her they would have sold their shadow

I hibernated in my past
Let the Easter sun return
To warm a heart more frozen
Than the forty of Sebastus
Less than my martyrized life

My beautiful ship O my memory
Have we sailed far enough
In a watersea vile to drink
Have we rambled go and fro enough
From the fair dawn to the melancholy dusk

Farewell false love whom I mistook
For the woman going away
For the one I did loose
A year ago in Germany
Whom no longer I shall see again

Milky Way O light sisters
Of Canaan the white streams
And of Women in love' white bodies
Died swimmers shall we awkwardly follow
Your course to further nebulæ

I recollectr another year
It was at sunrise of an April day
I sang my beloved joy
Sang love songs in a manly voice
At the love season of the year

.............*................

Milky Way O light sisters
Of Canaan the white streams
And of Women in love' white bodies
Died swimmers shall we awkwardly follow
Your course to further nebulæ

Demons of chance according to
The song of the firmament leads us
With lost sounds their violins
Make dance our human race
Backwards in its descent

Dooms O Impenetrable dooms
Kings folly shook apart
And those shivering stars
Of fake women in your beds
In deserts History overwhelms

Luitpold the old regent prince
Protector of two crazy princes
Does he weep while thinking of them
When fireflies flicker
Mid-summer Day's golden flies.

Closeby a Ladyless Chateau
The boat with singing barcarolles
On a white lake beneath the breath
Of winds trembling on spring
Drifting swan dying siren.


One day the king in the silver water
Drowned with a gaping mouth
He went floating back
His face upturned toward the changing sky

June your sun flaming lyre
Burns my sore fingers
Sad and melodious madness
I'm wandering to and fro my fair Paris
With no heart to perish there

Here Sundays become eternal
And the squeeze-boxes
Here are sobbing in grey courtyards
On balcony of Paris flowers
Lean out like the Pisa tower

Drunk on gin the Paris nights
Blaze with electricity
Trolleys greenish lights on their backbones
Music along the staves
Of rails their madness of engines

The street cafes swollen with smoke
Proclaim all the spell of their gypsies' love
From all their cold -having siphons
From their waiters loinskirts' dressed
Toward you whom I did so dearly love

I who know lays for queens
The laments of my years
Slave's hymns to murenas
The romance of the poorly-loved
And songs for sirens

{Extract from "the song of the poorly loved"}
Translated by Gilles de Seze

***

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine


Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure


Guillaume Apollinaire Alcools

***

Le Pont Mirabeau

Under the Pont Mirabeau flows on the Seine
And our loves
Has remembrance to be mine
Joy ever followed the pain


Let night come the hour chime its refrain
Days go by I remain
Hands clasped let us stay face to face
While beneath
The bridge of our arms passes
Of waters' constant eye so much weary the pace


Let night come the hour chime its refrain
Days go by I remain
Love goes away the way those waters flow
Love goes away
Life is so slow
And from Hope how violent is the blow


Let night come the hour chime its refrain
Days go by I remain


Days pass and weeks pass on line
Neither the past
Nor loves come back again
Under the Pont Mirabeau flows on the Seine


Let night come the hour chime its refrain
Days go by I remain
Translated by Gilles de Seze

***

***

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***

Art work: "Le repas de l'aveugle" (Période bleue) 1903 - Pablo Picasso

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